Vie de reste ou reste de vie… de gratin

Moi je suis le reste de gratin de courgettes, j’ai cru avoir eu du bol: j’ai survécu à la razzia qui a été faite sur le reste du plat mardi dernier. Pourtant la recette est exceptionnelle!

Mardi dernier?

Oui mardi dernier… On m’a mis en boite, une boîte un peu vieille, avec un couvercle plutôt hermétique et opaque. Une boîte une portion. On m’a rangé dans le fridge, en tête de gondole, comprenez, devant, pour qu’on me voie dès qu’on ouvre la porte.

Mercredi, j’ai été décalé vers la gauche à cause d’un paquet de tranches de jambon et d’une boîte de lardons prévue la quiche du soir. Finalement c’était soupe chinoise et il en restait un bol qui en arrivant m’a repoussé vers le fond.

Jeudi, quand l’un des ado-rables affamé a ouvert la porte, j’aurais aimé qu’il me voie, qu’il me réchauffe au micro-ondes, 6°c depuis 48 heures, difficile de tenir. J’étais même prêt à me faire recouvrir de ketchup et de râpé pour cacher mon goût de courgettes, j’étais prêt à un mélange avec des pâtes.

L’ado-rable n’avait pas le temps, il s’est fait un sandwich et m’a même recouvert du paquet entamé de tranches de jambon. Il a dû penser que je risquais d’attraper froid ou de dégager des odeurs.

Le bol de soupe chinoise a eu plus de chance que moi. Le soir, vers 22h30, il a fait l’affaire de l’ado-rable et de son petit creux du soir.

Vendredi j’y ai cru quand j’ai vu le sac de courses arriver. J’allais être remise au premier plan. J’ai reconnu la main de Mam’s. Elle a touché ma boîte, elle l’a reniflée et a estimé qu’elle pouvait prolonger mon espérance de vie. Sauf que pour caser le fromage, le kilo de tomates, les escalopes de dinde et la barquette de viande hachée j’ai touché le fond, là où c’est glacial. Au moins je ne bougerais plus.

Samedi, personne n’a ouvert la porte du fridge, sauf pour de l’eau, du lait. Bref, il n’y avait personne à la maison. J’avoue que je me suis senti de plus en plus mal, ratatiné dans ma boîte. J’ai manifesté mon ennui en lâchant un liquide au fond de ma boîte. Comme un torrent de tristesse. Une forme de dépression…

Dimanche, la viande hachée et les tomates se sont retrouvées en sauce bolo, la dinde en sauté au curry. J’ai essayé d’expliquer à la boîte de sauce bolo qui m’a rejointe qu’elle aurait dû insister pour être consommée dès sa cuisson, mais elle m’a regardé avec un air pédant sous son couvercle rose. Elle sait, elle, que l’ado qui passe déjeuner en coup de vent le lendemain lui réglera son sort. Jamais plus de 24h pour la sauce bolo de Mam’s.

Lundi je commençais à nager dans un bain verdâtre et. Quelqu’un m’a vu et a probablement cru trouver là son déjeuner. Je ne dirai pas qui c’est mais quand il a ouvert le couvercle j’ai vu ses narines se déformer, sa bouche se fermer, son coeur s’arrêter ralentir. Cela a duré un instant. il a refermé le couvercle et m’a remis à ma place. Délicatement pour ne pas que je me renverse.

Mardi. Je suis toujours là, j’ai accueilli un certain nombre de bactéries qui s’ébattent dans ma boîte. J’ai été un délicieux gratin de courgettes. J’en témoigne aujourd’hui parce que je pense que lorsqu’on me retrouvera et qu’on me jettera dans le compost, on ne ne souviendra plus qui j’étais…

Vu le dernier sac que Mam’s a rangé dans le fridge, je suis prêt à prendre les paris que je laisserai ma place à une portion de gratin de chou-fleur.

 



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3 Comments

  1. hihi je connais ça, grande famille aussi quoique plus petite que la vôtre… rarement des restes, souvent un tout petit truc pour 1 personne, qui reste traîner aussi et qui finit parfois à la poubelle..

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