Qui va à la chasse perd sa place

Alice Sapritch – Vipère au poing

« 3 tartines, ça va peut-être suffire, non? »

– « C’est pas possible tous ces Lego qui traînent par terre, c’est un coup à se transpercer le pied »

– « Tu devrais mettre encore plus de sucre dans ton yaourt, pour être sûr d’avoir des caries »

– « Si tu ne mets pas tes lunettes dans leur étui, tu vas marcher dessus »

Etc.

Non ce n’est pas moi qui parle.

Enfin si, c’est moi qui parle.

Enfin, il m’arrive de dire ça aux enfants. Oui, c’est aussi comme ça que je parle aux enfants. D’ailleurs cela me rappelle un billet que j’avais écrit il y a quelques temps ici.

Mais ce que je voudrais dire, c’est qu’il m’arrive d’entendre les enfants se dire ça les uns aux autres. Les grands aux plus jeunes. Les jeunes aux plus grands. Sans complexes les plus jeunes.

Quand ils étaient plus petits et qu’ils jouaient au papa et à la maman, j’entendais ma voix à travers la leur, et bonjour l’effet miroir… Cela m’a parfois permis de rectifier mon langage, parce que le premier « ptingue » que j’ai entendu dans la bouche de mes enfants m’a fait très bizarre. Hein? où ont-ils pu apprendre ça? Nannnnnnnn, de moi?????

Aujourd’hui, ils ne parlent plus à leurs poupées ou leurs playmobils (en tout cas les aînés, ouf), ils se parlent les uns aux autres. Et c’est pour se faire des reproches qu’ils utilisent mes expressions. Et j’ai l’impression de m’entendre.

Alors je ne culpabilise pas sur ce que j’entends, parce que si je leur dis ça, je suis dans mon rôle et basta. 

Mais à les entendre, en plus du fait que j’ai l’impression de n’être qu’une marâtre, je leur dis souvent qu’ils ont déjà une mère, et qu’ils n’ont pas besoin d’en avoir une 2ème. Je pense qu’ils parlent comme ça parce qu’ils pensent que c’est fondé. Et souvent ils ont raison. C’est normal puisqu’ils reprennent mes mots, et qu’à priori je suis plutôt d’accord avec moi-même.

Et que oui, marcher sur un Légo, ça fait hurler.

Sinon, c’est qu’ils se disent que si par hasard j’entends, je vais en rajouter une couche, ou les remercier d’être d’accord avec moi.

Alors, je prends souvent les choses à contre-courant. En leur expliquant qu’il vaut mieux qu’ils soient du même côté, les enfants, que du mien. Qu’ils restent solidaires les uns des autres.

Et que si chacun reste à sa place, c’est bien aussi. Les enfants à la place des enfants, les parents, à la place des parents.

A moins que ce soit parce que je ne peux pas avoir l’oeil partout?

Qui va à la chasse perd sa place… 



Related Posts

11 Comments

  1. Et oui, ça fiche un coup mais comme toi, ici on veille à ce que chacun garde sa place. J’ai grandit avec une mère et une sœur qui jouait beaucoup ce rôle… Je fais très attention à ce que cela ne se reproduise pas. Ceci dit, je suis forcée d’admettre que souvent quand la remarque vient du grand-frère et bien ils écoutent plus. Je suis jalouse !!!! (sourire)

  2. Héhéhé… ici, on n’en a « que » trois, et NuméroTer ne parle pas encore, mais en ce moment, NuméroUno et NuméroBis reprennent nos expressions… mais pas toujours à bon escient… NuméroBis : « Tu me mets un dessin animé ! Cc’est ça OU RIEN !! »… ben ce s’ra rien, merci ;-P (elles ont 5 ans et 3,5 ans)

  3. Même chose ici aussi, j’en ai une qui particulièrement joue à la maman, et quand je lui demande de rester à sa place elle a l’air de se dire que décidément je ne suis jamais contente! 😉

Leave a Comment

Robot or what? *