Plaidoyer pour le foyer

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Derrière le réveil matin, je suis.
Derrière le bol de Nesquik à bonne température, sans peau pour les uns, avec pour les autres, je suis.
Derrière les tartines miel ou confiture selon les goûts, je suis.
Derrière le goûter caché dans le cartable, varié d’un matin à l’autre, je suis.
Derrière le dîner de chaque soir, je suis.
Derrière la centrale vapeur qui fait hammam, je suis.
Derrière les tee-shirts pliés, empilés et les chaussettes réassorties, je suis.

Derrière la vaisselle propre, je suis.
Derrière le tapis de bain qui remonte du sol au bord de la baignoire pour être sec pour le suivant, je suis.
Derrière le devoir maison qu’il faut débloquer la veille pour le lendemain, je suis.
Derrière les fautes d’orthographes corrigées de la rédaction, je suis.
Derrière le balai qui ramasse les miettes du petit-déj, du déj, et plus, si affinités, je suis.
Derrière le jogging au bout du lit prêt le matin où il y a sport, je suis.
Derrière le super cadeau choisi pour le meilleur copain qui organise son anniversaire, je suis.
Derrière la réserve de dentifrice dans le placard, je suis.
Derrière les coussins retapés des canapés, je suis.

Derrière la paire de godasses que chacun contournait depuis 2 jours et qui a été ramassée, je suis.
Derrière la carte bleue, je suis (pour faire le code, hein? parce que pour l’alimenter, on est au moins 2)
Derrière le mixeur de la super soupe de courgettes que tout le monde adore, je suis.
Derrière le clavier de mon ordinateur, je suis.

Derrière le volant de la voiture qui fait 250 km de conduites hebdomadaires, je suis.
Derrière la porte du frigo qui se remplit et se vide, je suis.

Je suis toujours derrière…. pour que chacun aille de l’avant. Et pourtant, ce matin, chacun a démarré sa journée, s’est occupé de lui-même, a quitté la maison en me laissant derrière, à être ce que je suis….

 

Vous avez vu comment en 20 lignes on peut tomber dans la déprime? Perdre le sens de son rôle de mère? Le réduire à une liste de tâches et à un niveau de reconnaissance nul? Qui peut se sentir épanoui après avoir établi une telle liste? Cela donne juste envie de prendre ses cliques et ses claques, un billet sans retour sur lastminute.com et tchao bonsoir! Et ça fait 15 ans que ça dure, et j’ai signé pour encore au moins 15 ans?

C’est à la lecture du billet de Marine et les réactions qu’il a sucitées que j’ai réfléchi au statut des femmes aux foyers, statut que j’ai eu pendant 11 ans. Et je pense sincèrement que la déprime des femmes au foyer dépend de l’engagement ou du détachement qu’elles mettent dans ces tâches qui pour certaines sont si peu gratifiantes et pourtant indispensables au fait que « ça roule ».

Plus l’engagement dans ces tâches est fort, plus la déprime menace. Que certaines femmes prennent du plaisir et trouvent leur épanouissement dans un rôle de « femmes d’intérieur », il n’y a pas à en juger mais je n’en ai pas rencontré souvent.

Je pense être de celles qui cherchent plein de trucs et astuces pour rendre toutes ces tâches plus légères et bien organisées afin de s’en débarrasser et pouvoir se consacrer à d’autres choses: du bénévolat (oui bon, ça, ça me prend vraiment trop beaucoup de temps), de la lecture, de l’ordi (là, je prends aussi sur mon temps de sommeil), des moments avec des copines, des bricolos avec les enfants, ce blog, etc. Dois-je pour autant être regardée comme une femme oisive? J’ai juste décidé qu’être femme au foyer ne se limitait pas à effectuer les tâches de la maison, sous peine de péter un cable rapidement!

Mais au fait, je ne suis plus femme au foyer et je n’ai pas limité mes activités de femme au foyer, ma vie d’avant… c’est peut-être là que le hic se situe, non?



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2 Comments

  1. Oh ma Cécile…
    Il est clair que la lecture de ces quelques lignes résonnent en moi et en des milliards de femmes…
    Toutes les semaines, malgré le boulot, le sport, les copines, je me barrerais bien pour l’autre bout du monde!!!!!
    Heureusement que je sais que je ne suis pas la seule dans cette situation!!
    Et même s’il y a des jours où j’ échangerais volontiers mes enfants contre des poissons rouges, que ferais-je sans eux?!!

    Si, si….
    Je sais ce que je ferais sans eux…
    Plein de trucs!!!!!!!! Viens Cécile!!!!!!! On se prend un billet pour Marrakech!!!!! 😉

    Ohhh oui, Mel, Marrakech!!!

  2. Cécile,
    J’ai aimé tes longues énumérations … Ah le jogging du bout du lit…
    Un doux écho de Marie Laforet (« Cadeau »), que ma maman m’a fait decouvrir un jour sans doute « difficile »…
    J’aime aussi la dernière phrase, qui résume souvent ma trépidante semaine… Je rêverais d’avoir des doubles journées !
    Le débat général est plus complexe, m’intéresse énormément a titre perso et via mon métier … et mon bilan est qu’il faut avoir vécu les différentes situations (comme toi!) pour commencer à se forger un avis pas trop stéréotypé …sinon, c’est digne des dialogues de sourds fonctionnaires/privé. Et surtout accepter que chacun ait sa façon de faire au mieux. La vraie alerte , c’est qd on ne sait plus distinguer ce qui est choisi vs subi . Quand le choisi balance vers le subi, l’épanouissement bascule vers la déprime …
    Bises

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