Comme chacun d’entre nous, j’ai été effondrée par la violence des actes commis dans cette école de Toulouse hier, et penser aux familles, à la veuve de ce professeur, aux images auxquelles tous ces collégiens et enfants ont été confrontés, aux angoisses des autres parents a occupé mes pensées depuis.
J’ai aussi entendu l’appel à la minute de silence dans les écoles annoncée pour ce matin. Et puis, j’ai lu les échanges sur Facebook, les pour, les contre, et surtout les contre qui s’exprimaient.
Nous avons 3 enfants en primaire (après 20 ans cumulés en maternelle, c’est une période révolue), 2 au collège, un au Lycée. Tous concernés par la minute de silence.
J’ai apprécié l’idée d’un moment commun de solidarité dans toutes les écoles de France, solidarité avec ces enfants assassinés sauvagement, mais aussi solidarité entre tous ces enfants qui fréquentent des écoles, parce qu’on est plus fort quand on est solidaires pour se soutenir, pour résister, pour affronter l’horreur.
Je n’ai pas attendu la minute de silence de ce matin en me demandant ce que les instits allaient bien trouver comme mots pour parler de ce drame à nos enfants. Je n’ai pas attendu que mes enfants apprennent de la part de copains de classe le drame d’hier. J’ai préféré leur en parler moi-même hier soir au dîner (bon, si Pap’s avait pu être là, ça aurait sûrement été encore plus pertinent).
Je leur ai juste dit avec des mots simples qu’un homme était entré dans une école à l’heure où les portes sont ouvertes le matin, et avait tiré dans tous les sens, tuant 3 enfants et un adulte. Je leur ai dit que cet homme était soit un fou, soit un terroriste. Je leur ai dit qu’il s’était enfui sur son scooter. Je leur ai dit que cet homme était un assassin, et que la police du pays allait le retrouver, l’arrêter, et qu’il serait puni. Je leur ai dit qu’à l’école, il y aurait peut-être une minute de silence proposée par la maîtresse, pour penser à ces enfants, à leurs familles, tous ensemble pendant une minute. Parce que ces enfants sont des victimes. Ils ont un peu posé des questions sur les écoles juives par rapport à leurs écoles, ils m’ont demandé si l’assassin avait préparé son crime, ils m’ont demandé si les enfants avaient été en classe après que le type soit reparti avec son scooter ou si leurs parents étaient venus les chercher.
Aujourd’hui, il y a eu une minute de silence dans chacune des classes des enfants. Si ce soir je ne leur avais pas demandé si elle avait eu lieu, je ne suis pas sûre qu’ils m’en auraient parlé, parce que c’était prévu, donc pas surprenant. Ils savaient à quoi s’attendre, ils n’ont pas été pris au dépourvu. Quand j’ai demandé si la maîtresse avait expliqué pourquoi on faisait une minute de silence aujourd’hui, ils m’ont tous dit: « ben tu sais, c’est pour penser aux enfants qui sont morts hier, et dont tu nous as parlé »
Voila; juste un petit billet, parce que je pense que sur ce coup-là, nous, les parents n’étions pas pris au dépourvu et que je pense que c’était à nous d’en parler à nos enfants avant que les instits ou les autres enfants le fassent, pour les protéger, pour leur proposer un espace de parole pour en parler, pour les préparer à ce moment d’aujourd’hui.
Je pense aussi que ce qui nous pousse à vouloir protéger nos enfants, ce sont nos propres angoisses. C’est angoissant pour nous de parler de la mort, de la violence, de l’horreur des crimes d’enfants. En entretenant le silence autour de ces sujets, on entretient l’angoisse. Et si mes enfants n’osent pas nous parler de la mort parce qu’ils sentent que cela nous angoisse, alors cela les angoissera aussi.
Je pense qu’on peut toujours mettre des mots sur tout, et que les mots valent mieux que le silence.
Je pense que les enfants interprètent le silence beaucoup plus qu’ils n’interprètent les mots.
Merci E-zabel et Marine dont les billets sur les blogs ainsi que tous les commentaires ont enrichi largement mes réflexions d’hier et aujourd’hui.
Cecile, je me suis longtemps interrogée, comme toi, j’estime que c’est à nous parents d’en parler à nos enfants, pour répondre à leurs questions et trouver les mots adaptés à nos enfants!
Mais je me suis sentie otage du gouvernement, dans l’obligation de parler d’un drame à mon enfant de 5 ans! Pas le choix de l’elever dans l’innocence et l’insouciance! Et ça je l’ai très mal vécue.
Je ne suis pas contre une minute de silence, comme toi je trouve cela tellement beau d’etre unis dans ce moment tellement douloureux pour ces familles, ces amis…
😉 Ce n’est que mon point de vue! Mon fils aurait été plus agé, je me serai probablement moins posé de questions et j’aurais fait tout comme toi, parlé à mon loulou, lui expliqué.. 😉
Je comprends ce que tu dis… j’ai un avis un peu contestable peut-être, mais je pense qu’on peut élever nos enfants dans l’innocence et l’insouciance même si on leur parle de ces événements. Nos enfants n’en sont pas responsables, ils ne peuvent rien contre. Cela ne les empêche pas d’être des enfants à part entière, ?
Merci Cecile pour ce billet, pertinent comme toujours mais sans note d’humour malheureusement…. Chez nous aussi lundi soir fut moment d’information, surtout pour mon fils aine qui a 9 ans. Comme toi nous l’avons informe qu’il y aurait peut être une minute de silence a 11h (a quoi ça sert une minute de silence ? Pourquoi 11h ?… Mon fils est très terre a terre…). Par contre, et c’est peut être une erreur de notre part, nous nous adressions plus a lui qu’à son frère de 5 ans qui nous écoutait sans doute d’une oreille distraite… Ce soir en rentrant de l’école, comme chez toi, il a fallu que je demande si la maitresse avait propose la minute de silence. La réponse fut oui. De la, des questions ont encore découlé mais plus axées sur le type lui meme. En fait mon fils a du mal a comprendre que personne n’ait pu voir son visage…. il se demande aussi s’il a fait ça volontairement, etc.. Et bien sur s’il risquait de venir ds son Ecole. Il a fallu du coup parler aussi des militaires, de la probable xénophobie de ce type, de la manière dont les policiers arrivent a trouver qu’il s’agit de la meme arme, etc etc… Bref une conversation riche de questions ms j’aurai juste préféré que le sujet ne soit pas si horrible…
Ce que tu dis Pat, montre bien que la conscience qu’on les enfants de cet événement n’est pas la même que la nôtre. Ils restent souvent rationnels là où pour nous, c’est de l’insensé.
Ns aussi, en rentrant de l’ecole, ils m’ont raconté leur journée et m’ont dc parlé de la minute de silence, et là je me suis dit zut je ne leur avait pas expliqué ce qui c’etait passé …pourquoi ? je ne voulais pas les effrayer, les préserver, mais en fait j’aurai dû … c’est notre rôle …ils en ont parlé bcp entre eux et dès que leur papa est arrivé, il ont recommencé , ils en avait besoin !
Ne te culpabilise pas, tous les parents font ce qu’ils pensent être le mieux pour leurs enfants au moment où ils le font, j’en suis convaincue. Je pense qu’on va entendre parler pendant longtemps de ce drame, et qu’il sera impossible que nos enfants n’en entendent pas parler, les discussions vont surement durer
ici ils sont en Ce1 (Zorro) et en grde section pour Pierrafeu et Rosette.
Seul Zorro a fait la minute de silence. Mais comme toi, j’en avais parlé le matin au petit déjeuner pour qu’ils ne se retrouvent pas face à qq chose qu’ils ne comprenaient pas. et j’ai bine fait, car sans être entrée dans les détails, Zorro est retré le soir avec un tas d’information racontée par ses copains!
ici je me rends compte que les infos qui ont circulé entre enfants étaient au-delà de toute réalité… ils se font des films… d’où à mon avis l’importance d’en avoir parlé en famille
bah moi j’ai complètement oublié de leur demander s’ils l’avaient faite…mais s’ils me disent oui, je suis bien embêtée…à4 et 6 ans….comment trouver les mots vrais sans les terroriser???
Des mots simples qui sont les tiens; Il m’arrive souvent de leur dire que je ne sais pas. Peut-être que tu peux leur demander ce qui s’est dit à l’école et partir de ce qu’ils racontent?
Bonjour !
Comme vous j’en ai parlé à mes 3 enfants scolarisés avant qu’ils apprennent cela en classe ou dans la cours de l’école.
Je connais beaucoup de mamans indignées par cette minute de silence en maternelle et en primaire mais je pense qu’il faut parler de tout ça même si au début cela leur fait peur afin de les rassurer justement. C’est notre rôle de parents après tout.
On vit dans une société privilégiée … nous serions nés dans un pays en guerre nous ne nous poserions pas la question d’expliquer ou non la situation à nos enfants…
En tout cas plein de pensées à toutes ces familles meurtries.
Moi je suis plutôt indignée par les parents qui crient au scandale de cette minute de silence alors qu’ils se défaussent de leur responsabilité de parents qui est de parler avec leurs enfants. Oups, c’est dit.
Même si l’exemple est malvenu face à tant d’horreur, ça me fait le même effet que les parents qui critiquent le manque de prévention fait dans les écoles pour ce qui touche la drogue, la sexualité etc… En ont-ils parlé en famille avec leurs enfants? J’ai un billet en préparation sur ce sujet d’ailleurs.
ton billet me parle beaucoup et c’est exactement l’attitude que nous avons eu en famille.
nous en avons parlé pour ne pas qu’ils soient pris au dépourvu enfin surtout aux grands 15, 12, 11 mais pas à la dernière de 5ans!
c’est pas facile , on fait pour le mieux !
c’est vraiment ça que je pense: faire pour le mieux, et ne pas faire l’autruche 🙂
je suis tout à fait d’accord avec toi , mettre des mots sur tout fait partie de notre rôle de parents , d’autant plus lors de faits aussi dramatiques . je suis émue par ces minutes de silence où tous en même temps, du plus haut personnage de l’état à de nombreux anonymes, adultes et enfants , pensent très fort à ces trois enfants et ce papa de trente ans , enlevés si brutalement à l’amour de leurs familles ..
Merci pour ce billet .
J’ai aimé les propos très dignes du grand-père de ces enfants, une belle leçon de tolérance…
J aime bien ta façon de voir les choses.
Mon plus grand a 5 ans et ils n’ont pas fait le recueillement en maternelles, mais je lui ai expliqué car un copain lui en a parlé, avec le terme de monstre, qui dans sa tête était plus animal que humain… Maman in progress ….
pas facile parfois de trouver les bons mots… la parole des copains est bien pire
Mon plus grand est en CE1, et du coup j’ai préféré les protéger de tout ça, mais je n’avais pas pensé à la minute de silence dans les écoles. Du coup j’ai regretté de ne pas en avoir parlé avant, si j’avais réfléchi deux minutes, et si je m’étais souvenue qu’il y aurait une minute de silence, j’aurais pu leur expliquer à ma manière ce qui s’était passé. Dans l’école de mon grand, il y a eu un grand rassemblement dans la cour, et le directeur a expliqué à tous les élèves les événements de toulouse. Je ne sais pas exactement ce qu’il a dit, mais entre des enfants de CP et de CM2, la façon d’expliquer est certainement différente…
Enfin, du coup le soir en rentrant de l’école, on a pu faire un debrief, car c’est la première chose dont mon fils m’a parlé.
Pas forcément facile d’anticiper, mais débriefer c’était important aussi
Comme toi j’avais parlé à mes enfants de ce qui s’était passé, pour mettre des mots simples sur les choses, et leur éviter des questionnements et interprétations bizarres. J’avais fait le choix de parler de toutes les victimes de ce fou, sans mettre davantage l’accent sur les métiers des uns ou la confession des autres. Innocents. Les 2 grands (CP et CE2) ont fait la minute de silence, mais pas à 11h, ça a été organisé par leur école (privée) pendant leurs cours de catéchèse et ça m’a paru le bon moment pour le faire, effectivement.
mes enfants m’ont raconté les récits de cour d’école, c’était assez surréaliste… je pense que bop d’enfants ont vu les images à la télé…