Depuis 2 jours, je prends le bus

 

Quand mon bureau a déménagé, on m’a proposé une place de parking. J’ai dit non… Non aux bouchons, non à l’usure de ma voiture, oui à la planète etc.

Je me suis inscrite sur des applis de covoiturage et je scrute les propositions. J’alpague les collègues de ma banlieue pour leur proposer de m’emmener. Un jour ça va marcher.

En attendant, depuis hier je prends le bus. Pour moi le bus, c’est le plein air, c’est des grandes baies vitrées, c’est de la lumière, c’est un petit tour dans le quartier. C’est Londres et ses double-decks rouges, c’est des voies spéciales pour éviter la circulation, c’est le bonheur en fait.

En vrai c’est un peu différent. Très.

Mon arrêt de bus du matin est situé à côté d’une bouche d’égout. Ou sur un réservoir de station d’épuration. A 7h30 le matin c’est compliqué. Le bus est annoncé à 7h37, donc j’arrive à 7h35. Il y en a un annoncé toutes les 20 minutes. Il est passé à 7h45, je n’avais plus de souffle à force de retenir ma respiration, rapport à la bouche d’égout. Je ne sais pas comment il a fait, mais 3 arrêts plus loin il avait rattrapé le bus d’avant.

Je pense que les conducteurs de bus de ma banlieue sont des pilotes de F1 qui ont mal saisi leur voeux dans APB. Ils négocient les virages à la corde en montant sur le trottoir, ou super large ce qui leur impose un méga coup de patin pour éviter le véhicule d’en face. Leur kiff, ce sont les ralentisseurs: ils prennent leur élan avant, debout sur le frein juste devant et passent dessus en tentant le décollage des roues au niveau de l’accordéon.

Quand je monte dans le bus, il y a écrit: « avancez au fond ». La technique est simple: me positionner au milieu du couloir, attendre le démarrage du bus, et la simple accélération me propulse sur les genoux du passager du fond. Direct. S’il y a du monde dans le bus, on s’empile les uns sur les autres, comme les Romains dégommés par Obélix.

Si je reste debout, j’ai parfois les pieds qui décollent du sol, et les abdos (ouf, j’en ai peu) qui me remontent dans la cage thoracique. C’est Space Mountain. Je pense me shooter Mercalm-Cocculine pour affronter chaque trajet, mon estomac n’y résistera pas.

Le combo gagnant, c’est la place assise sur la roue arrière, dans le sens inverse de la marche, clim du bus éteinte. Prévoir le sac plastique.

Mais ils sont sympas les chauffeurs de ma banlieue. A chaque fois qu’ils croisent un collègue en bus, ils donnent un coup de patin pour s’arrêter à sa hauteur et le saluer. Parfois ils font des blagues à des gens qui courent pour monter dedans. Ils les voient dans le rétroviseur, et zouuu ils démarrent juste avant qu’ils arrivent à la porte du bus.

Là, en 2 jours, ça fait 2 fois qu’il ne s’arrête pas à mon arrêt (si, si, j’ai consciencieusement appuyé sur le bouton qui allume la zone « arrêt demandé »). Du coup, je l’alpague pour qu’il s’arrête… et donc… il pile.

Aujourd’hui, j’ai compris. Je me suis placée au milieu du couloir et au coup de frein, zouuuu, j’ai été propulsée d’un coup vers l’avant du bus et la porte de sortie.

Je repars scruter les applis de covoiturage…

 

 



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4 Comments

  1. Hehehe
    Moi aussi je vais en bus au boulot. Et tu me fais bien rire. C’est vrai des fois que ca y ressemble. Je rale beaucoup sur les bus et leur manque de fiabilité, surtout. Mais je dois dire que je monte en partant de chez moi à l’arrêt juste après le terminus. Et au retour je peux en general aussi assez vite masseoir. La boite va demenager et là, j’aurai le droit à l’horrible ligne 13 suivie de la 8, bien chargée comme il faut. Je dirais 1 heure de souterrain bondé. Donc, le bus et ses lenteurs, c’est top finalement
    Et puis à force de voir les mêmes têtes aux mêmes heures, je finis par sympathiser avec quelques personnes. Bon rien de foufou mais un peu de « small talk » et on se salue quand on se croise dans ma banlieue. Et c’est sympa.
    Et aussi j’ai la chance de ne pas etre sensible ni aux odeurs ni mal des transports. Ca aide…

  2. Merci pour cette évocation si réaliste et si pleine d’humour. Mais la bouche d’égout, quel cerise sur le gâteau!
    Et puis comme je n’étais plus venue depuis longtemps, j’ai lu ton précédent texte et donc je te souhaite de retrouver la forme et l’énergie et plein de belles choses pour à partir de maintenant!

  3. J’ai du prendre une semaine le bus (enfin les bus, j’ai trois changements à faire pour me rendre au boulot), j’ai fini par saluer encore une fois de plus ma voiture:-) et écrire mon rapport de développment durable en plein conscience de mon comportement polluant

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