Ricoré, tous des menteurs

 

Famille nombreuse, famille heureuse… j’aime les « maximes » mais parfois elles s’appliquent davantage à d’autres familles qu’à la mienne..

Lorsque la première tête encore endormie apparaît dans la salle à manger le matin, je m’attends à ce qu’elle me saute au cou pour me dire bonjour, pour que je puisse profiter de cette odeur de nuit un peu sucrée et propre à chacun de mes enfants, qui me rappelle leur plus tendre enfance.

Je prononce un bonjour enjoué et j’ai souvent droit à un borborygme que je traduis avec mon enthousiasme du matin par « bonjour Maman, j’ai super bien dormi et suis de très bonne humeur » ; le bisou est rapide, comme machinal, d’ailleurs je crois pouvoir dire que c’est souvent moi qui vais le chercher.

Souvent, une deuxième tête suit, qui produit un borborygme similaire auquel j’attribue une signification identique, puis les suivantes font leur apparition.

Nous sommes alors confrontés à la première activité familiale de la journée : le petit déjeuner. Je fredonne dans ma tête la chanson de la pub Ricoré pour me mettre en condition, imaginant les sourires, le vent et le soleil printaniers, le petit-dej tout prêt, la jolie nappe à carreaux… « le soleil vient de se lever, etc. »

La réalité est souvent toute autre : il fait nuit à 7h40 en novembre, rien n’est prêt. Si j’ai obtenu que chacun soit autonome pour chauffer son bol de lait – j’ai trop épongé de lait bouilli sorti de la casserole, essuyé les avis partagés (c’est trop chaud, c’est trop froid, j’en veux plus, juste une demi tasse ce matin etc.) – pour les tartines, si je ne m’y colle pas, ils seront tous en retard à l’école ou partiront l’estomac vide, même si pour être vraiment sincère, Noé a un bon coup de main pour les tartines le matin.

J’aligne donc une quinzaine de tartines que je beurre consciencieusement en silence, puis recouvre de confiture ou de miel et dépose au centre de la table. C’est souvent à ce moment-là que les esprits s’éveillent (on peut dire qu’avant la brume cérébrale de chacun était trop épaisse) et commencent des échanges d’une forte puissance intellectuelle : « je voudrais le crouton », « la confiture a un goût bizarre », « je veux la plus grosse », « pourquoi il en a 3 et moi 2 », « on peut tremper ? », « le pain frais du matin c’est meilleur », « pourquoi tu les as pas fait griller »…

Je temporise en prétextant qu’il vaut mieux ne pas parler la bouche pleine, et me carapate dans la cuisine pour chercher une éponge au cas où un bol plein se trouverait sur le chemin d’un coude et exécuterait un pas de tango. Nous sommes loin de la pub Ricoré dont l’air me trotte encore dans la tête, avec beaucoup moins d’insistance.

20 minutes plus tard, passage à la salle de bain pour une toilette, et quelque soit le nombre d’enfants, le lavabo ne sera jamais assez grand, à moins d’installer un bac de la taille d’un abreuvoir ; les échanges entre les enfants sont secs : « laisse moi de la place », « tu m’éclabousses », « passe moi le dentifrice », « il n’y a plus de dentifrice rose ». Ce n’est pas non plus la pub pousse-mousse.

Et quand tout le monde est parti, il reste un nappe pleine de miettes, parfois un peu poisseuse.
Alors c’est décidé, La Ricoré ne passera pas la porte de ma maison, je boycotte!

9 Comments

  1. Imagine si tu etais a Joburg. Nous on quitte la maison a 06:30 tous les matins, et meme pas de mercredi off. Alors je me leve 45 minutes avant les filles et je repette mon mantra: Je suis zen, tout va bien; je suis zen… Ca m’aide a negotier avec Marion qui change chaque jours son menu et Chloe qui ne se decide qu’apres avoir passe 10 minutes devant le frigidaire ouvert pour finalement choisir un oeuf (comme tous les matins…)
    Bon courage

    Mathilde

  2. je boycotte tout pareil! Ici on est moins nombreux (4 seulement 😉 mais nos matins ressemblent aux vôtres. l’autonomie en moins 😉 (sont encore petits !)

    je me demande si je ne vais pas boycotter aussi le Nesquick, on gagnerait du temps!

  3. et tu ne t’es pas faite engueuler si la tartine de machin est grillée car ça fait deux mois qu’il demande des tartines grillées mais ce matin ce sera PAS GRILLEE ! les majuscules c’est pour les cris !

  4. Grande buveuse de Ricoré devant l’éternel, 3 ou 4 tasses par jour à mon actif.
    Ici on a deux clans. Les « pafrais », fibre maternelle, et les « dubonpied », fibre paternelle. On arrive à peu près à cohabiter. En fait comme personne n’a vraiment les mêmes horaires, on échelonne le passage dans la cuisine.
    Pour le moment les jum’s boivent leur bib au lit (les veinards). Quand ça ne sera plus le cas, ça sera un peu plus serré. Le ricoré.

  5. Chez moi, 2 mâles, qui se jettent sous un plaid chacun dans son canapé : pas de bonjour, pas un regard, bien entendu ! Quand je leur dis bonjour, ça va (avec un bisou sur le front), j’ai droit à des grognements que je n’arrive jamais à traduire par oui ou par non. Et quand je dis, vous ne déjeunez pas ? Mêmes grognements que je ne sais toujours pas interpréter. Bref, je craque et souvent je pose les paquets de céréales sur la table du salon. Mais quand la dernière fois, j’ai retrouvé tout le soir sur la table du salon (brick de lait comprise), j’ai ragé (comme ils disent) et je ne sers plus personne le matin. Ils ont 17 et 14 ans, il serait temps, non ?

  6. en fait je ne t’ai pas encore croisée mais tu habites chez moi? sauf qu’ici on a juste une paire de jumeaux de 9 ans….. et 2 chiens….

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