
On m’avait prévenue que ça passait vite, qu’il fallait en profiter parce qu’à peine nés ils partiraient déjà.
D’autres me parlaient de Tanguy, des jeunes en échec qui restent cocooner à la maison tant que c’est possible, du chômage, des études à rallonge, des enfants qui mettent du temps à trouver leur route.
Moi, je suis comme Saint Thomas, je crois ce que je vois. Plutôt concentrée sur l’instant présent que sur l’avenir. Les plans sur la Comète, ce n’est pas tellement mon truc, ça fait quelques temps déjà que la Comète a changé de galaxie pour moi et que je fais sans elle pour imaginer demain. Plutôt adepte du « qui vivra verra », et du « ne pas crier avant d’avoir mal ».
Donc il est né, il a grandi, il a été ado, n’a brûlé aucune étape. Je lui ai épépiné ses grains de raisin, et épluché ses clémentines. longtemps. Il a échoué, il a réussi. Il a été malheureux, il a été heureux. Il s’est cherché, il s’est trouvé. Il est rêveur, il est créatif, il est drôle, il est généreux, il est bosseur, il est amoureux. Alors, avant les vacances ils ont commencé tous les 2 à chercher un nid. Comme des grands.
Heureusement ça a pris un peu de temps, mais pas tant. Le temps de l’été, le temps de se préparer, le temps de les aider un peu, de les encourager. Ils ont fait des aller-retours de cartons, et puis ils se sont installés. La veille de la rentrée. Ils ont passé leur premier dimanche chez le suédois.
Je ne sais pas si j’étais prête ou pas, la question ne se posait pas. C’était leur choix et ils étaient prêts à le faire.
La nature ayant horreur du vide, il y a eu dès le soir de son départ une tournante des chambres. Pour rééquilibrer les forces, occuper l’espace, combler le vide.

Le premier soir, il m’a appelée, pour une histoire de devis dentaire. J’avais résisté à lui envoyer plein de messages pendant la journée. Rédigés dans ma tête et zappés. Pour ne paraître ni inquiète, ni triste, ni soulagée, ni heureuse, ni en manque, ni trop présente.
C’était il y a plus d’un mois déjà. Et en vrai je ne ressens rien de tout ça. Je suis surtout immensément fière de lui, d’eux. Mazette, il n’a pas 23 ans, il gagne sa vie et termine un diplôme génial. Il s’amuse en travaillant et travaille en s’amusant. Il étudie en travaillant et travaille en étudiant. Depuis bientôt 5 ans. Il est amoureux. Il est autonome.
Ils viennent déjeuner ou dîner de temps en temps. Pas toutes les semaines. Parfois 2 fois dans la même semaine. La porte sera toujours ouverte, et s’il y en a pour 6 il y en a pour 8. Il n’apporte pas son linge sale et ne repart pas avec le contenu des placards. Au-To-Nome.
C’est toujours la fête de les voir tous les 2. De voir la fratrie réunie. Ils ont au moins 3 ou 4 ou 5 groupes Whatsapp ensemble et communiquent comme avant même s’ils se voient moins. Il se voient différemment.
Oui, ça change l’équilibre de la famille. Les places à table, la queue à la salle de bain, le nombre de machines et le débit du chocolat. Le volume sonore aussi, parfois. Et la place pour garer les vélos.
Je ferai moins la fière quand les derniers partiront, probablement.
En attendant, je ne crains pas le vide laissé. Il se remplit par d’autres activités, d’autres moments avec les frères et sœurs, et c’est assez étonnant de fluidité. Pour moi. Je me demande si c’est aussi le cas pour la fratrie, je pense qu’il faudra plus de temps à certains d’entre eux.
Mais il est heureux.
Moi cela fait un mois aussi que mon bébé ma petite dernière est partie vivre sa vie elle a 22 ans gagné sa vie et part en vacances avec moi samedi
La vie est belle et heureusement car la météo annoncée sur Cannes est pourrie
Ohhhh lala j’ai versé ma larmichette. Quel bel écrit.💕
Wouah…
Ton récit est si émouvant Cécile!
Le temps passe si vite! Je l’écris et pourtant je déteste parler comme « les vieux », mais c’est une réalité.
On vieillit, ils grandissent.
Tout ce qu’on peut souhaiter à tous nos enfants, c’est qu’ils soient aussi heureux et épanouis que ton grand!
😉
Cécile, je te lis depuis des années, j’ai suivi tes aventures et je voulais simplement te dire que c’est un plaisir de te lire. Je guette tes articles de plus en plus rares… Je te souhaite de bons moments en famille ! Au plaisir de te lire.
Quel bonheur de vous lire… j’ai 35 ans / mes enfants 2 et 6. Vos billets sur les grands ados sont géniaux, je m’y reconnais (car ce n’est pas si loin, non non…) et en même temps je m’y projette pour ce qui m’attend.
C’est difficile de se dire qu’on crée son foyer soi-mêm, qu’on est « responsable » en tant que parents d’y insuffler un esprit, des valeurs, des habitudes, de l’ambiance… je trouve ça vertigineux de savoir que je construis une partie des futurs souvenirs de mes enfants.
Et vos billets sont là, dénotant par leur franche simplicité, parlant d’un esprit que j’ai connu : l’autonomie, l’entraide, etc. J’espère y arriver, traverser les tempêtes. Merci !
Émouvant …. Quand mon premier est parti l’émotion était là….pour les suivant aussi …mais l’essentiel est de les savoir heureux!
Il peut y avoir aussi le sentiment de travail accompli, non ?
Ici aussi, l’équilibre se modifie : un salarié (mais qui reste à la maison, parce que proche de son boulot mais surtout, pas encore de vie à deux envisagée), une diplômée qui cherche (difficilement) du travail et… misère, mais que c’était étrange, hier de voir la « toute petite » en week-end compagnons ! Pour elle aussi, c’est le début de l’autonomie.
Oui tu as vraiment raison 🙂
On a fait ce qu’il fallait 🙂
Bon courage pour les recherches de boulot, c’est dur dur !
Dans quel secteur cherche t’elle ?
Agence du paysage ou d’urbanisme, elle est dessinatrice-projeteuse dans le domaine de l’infographie paysagère. Les grosses sociétés de construction ou d’autoroutes conviendraient aussi.
Les regarder grandir, puis les voir partir, c’est le cycle de la vie, L’essentiel, comme tu l’as si bien écrit, c’est qu’ils soient heureux. Leur bonheur nous emplit. Lorsque le dernier part cependant, c’est plus « compliqué » à gérer….
Très très beau texte, j’adore 🙂
Tu as une manière incomparablement touchante de parler de la maternité 🙂
Cela fait 2 ans quz mon grand est parti parce qu’on habitait loin (12000 km). Puis au bout de 6 mois, elle l’a rejoint. Nous nous sommes rapprochés depuis 1 an et maintenant, il me manque. Sa présence me manque. La vie à 5 me manque même si je dois reconnaître que c’estplus simple.
On se voit 1 fois par mois environ et c’est toujours trop court…
Pourquoi est-ce que je lis ton message aujourd’hui ? Un dimanche…. un long week-end…. bref il me manque énormément.
Appelle le ! Propose lui de passer te voir un moment. Sûre que vous lui manquez aussi ! Je t’embrasse
Tu peux être fière de lui!
J’ai lu cet article tardivement (hier !) mais je l’ai trouvé très beau ! J’aime la façon dont tu vois tes enfants et ton rôle de mère, là pour les guider et les accompagner, mais aussi pour les regarder prendre leur envol…
Mes enfants sont encore bien petits mais c’est dans cet esprit là que je me retrouve et j’espère que j’aurai la sagesse que tu montres souvent envers eux… J’ai mentionné ton article sur mon petit blog si tu veux y jeter un oeil… https://www.lucieenville.com/2020/01/les-marques-tangibles-de-leur.html
C’est toujours un plaisir de te lire !