Mère au foyer: pourquoi pas un métier?

Depuis 2 jours, le billet de Carla fait réagir. Mettre les pieds dans le plat sur un tel sujet provoque forcément des réactions. Principalement liées à la non reconnaissance du statut de mère au foyer qui rend le sujet touchy…

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La photo n’a rien à voir avec le sujet. Mais je suis en manque d’iode #PlagedeGoulien

Du coup, après avoir été lire les réactions sur Facebook, les billets en écho, les commentaires sur ces dits billets, je me suis demandé si être mère au foyer avait été mon métier pendant 11 ans.

Et je dois avoir en moi du sang normand puisque oui, et non. Je suis allée choper une définition du mot « métier » sur Wikipedia:

« Un métier est d’abord l’exercice par une personne d’une activité dans un domaine professionnel, en vue d’une rémunération. Par extension, le métier désigne le degré de maitrise acquis par une personne ou une organisation du fait de la pratique sur une durée suffisante de cette activité »

Non, je n’ai jamais été rémunérée pendant que j’étais mère au foyer…. Pour cette raison, ce n’était pas un métier? OK. Cela ne m’a pas rapporté un kopeck, n’a suscité que peu de reconnaissance, et probablement mis un vrai coup de frein à une carrière professionnelle. Aucun regret, ce n’est pas le sujet.

Mais par contre, par extension, c’en est un, et à part entière. Parce que quand son activité principale consiste à élever ses enfants, quelque soit le nombre, le niveau de maîtrise devient fort. Oui parfois, ça s’apparente à de la gestion d’une petite PME. J’ai déjà écrit sur ce sujet. Avec pas mal de compétences nécessaires à acquérir dans des domaines vraiment variés. Comme pour tout autre métier. Et même s’il n’existe pas de formation diplomante pour être mère au foyer, c’est vrai aussi pour des tonnes d’autres métiers. On est combien à exercer le métier pour lequel on a fait des études?

Un métier, ce ne sont pas que des activités qu’on monnaie. Ce sont des compétences, des talents, des responsabilités, des heures de pratique.

Si le fait de considérer qu’être mère au foyer est un métier participe à la reconnaissance dont les femmes qui l’exercent ont besoin pour être encore plus performantes, alors banco. Laissons aux mères au foyer la liberté de considérer que la part importante qu’elles jouent dans notre société en mettant leurs carrières professionnelles (et lucratives) de côté pour élever leurs enfants (gratuitement) est un métier. Moi j’aurais apprécié.

D’autant que pour avoir fait les 2, ce n’est pas la même chose d’exercer le métier de mère au foyer, et de jouer son rôle de mère en parallèle d’une vie professionnelle à l’extérieur. Ce sont 2 vies différentes. Et dans une vie, on peut pratiquer plusieurs métiers.



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21 Comments

  1. Idem. Tu exprimes ça tellement bien, clairement,… Polyvalence, adaptabilité, organisation, multitaches, multi fonctions, Gestion des humeurs, des horaires, j’en passe et des meilleures… On en a tellement besoin dans nos deux vies… On les exerce dans nos deux vies… Au quotidien…

  2. Je me rappelle encore le billet ou tu racontais ce que ces onze années t’ont apportés professionnellement justement. En terme d’organisation, de gestion de projet et tant de choses encore.
    Très bon billet.

  3. Je ne suis pas mère au foyer… mais ma maman l’est.
    Elle a choisi de consacrer tout son temps à ses enfants et je ne l’en remercierai jamais assez. Mon père travaillait (et travaille encore) beaucoup et si elle avait travaillé, elle aussi, nous aurions davantage été « livrés à nous-mêmes ». Je pense qu’il n’y a pas de « bon choix » à ce niveau-là, chacune fait comme elle veut, et comme elle peut aussi. De mon côté, la question ne se pose pas car financièrement un seul salaire ne suffirait pas à la maison, mais je pense que j’aurais eu du mal à ne pas travailler.
    Et je sais que ma mère aurait aimé, à un moment, retravailler. Mais elle nous a privilégiés (je n’aime pas dire qu’elle s’est « sacrifiée » car je sais qu’elle ne considère pas ça comme un sacrifice).
    Je considère qu’être mère au foyer, c’est un métier, un vrai métier… mais sans horaires !

    1. oui, j’ai vécu la même chose enfant. Ma mère a retravaillé, précurseur en télétravail à l’époque, quand nous étions ados. Elle a donc appris un autre métier 🙂

  4. OK, mais que réponds-tu aux mères qui travaillent à temps partiel, et qui ont l’impression de faire la même chose en moins de temps? Une mère qui, par exemple, travaille à 50%, est là tous les jours à la sortie de l’école, est disponible le mercredi pour toutes les activités extra-scolaires, bref, qui, en dehors des repas de midi, est toujours à la maison pour s’occuper de ses enfants et de tout ce qui a trait à la vie d’une famille? Est-ce qu’elle a un double métier? Ou est-ce qu’elle joue juste son rôle de mère?

  5. Es ce que pour répondre « scientifiquement’ à cette question ça ne serait pas interessant d’organiser un groupe de travail avec des mères de famille dont le travail est d’être famille d’accueil ? ça pourrait être interressant de savoir ce qui fait qu’élever les enfants des autres relèvent du métier et élever les siens de la vie privée, non ? (ma deuxiéme question suggère déjà une prise de position et peut être qu’elles ne le perçoivent pas du tout comme ça mais en tout cas il y a de l’argent au milieu)

    1. Oui je pense que la différence entre un métier et une occupation c’est la notion d’argent… Mais je préfère me concentrer sur les compétences, la pratique etc. Qu’on s’occupe de ses propres enfants ou des enfants des autres, les tâches et responsabilités sont les mêmes (sauf la nuit 🙂

  6. Perso, je n’ai pas suivi toute la polémique. Juste lu ce billet et celui cité au début de l’article.
    J’ai un peu de mal avec ce débat.
    J’ai l’impression qu’il y a un concours de « mon job/ma vie sont plus difficiles que celui de ma voisine » ou « j’ai plus de mérite que untel ».
    Je suis mère au foyer. Et je fais mes journées. Point barre.
    Il y en a des bonnes, des gratifiantes, des simples, des bien pourries, des décourageantes et horripilantes. La vie quoi.
    Je comprend pas trop ce besoin de se mettre des étiquettes : « Je travaille – je ne travaille pas « . Pourquoi parler de ça ? C’est vide comme débat, pourquoi ne pas échanger sur qui nous sommes. Ce que nous faisons. Ce pour quoi nous sommes douées, ceux pour qui nous sommes utiles. Nos projets, nos talents.
    Je change des couches depuis 5ans et 3 mois sans interruptions. Je ne me résume pas à ça, ni au fait que ma fiche de paie me parviens tous les mois à 0 avec la mention congé parental. De même que avant, je n’étais pas que comptable.

    1. merci pour ton commentaire Delphine,
      Je ne sais pas s’il y a de débat à avoir sur ce sujet, quoiqu’il se dise, ça ne changera pas le rythme de nos journées. Mais se donner le temps de réfléchir à qui on est, quelle place on a dans la société, quel rôle on joue, quelle reconnaissance on a, c’est un exercice que je trouve intéressant. Et en y réfléchissant, en lisant des témoignages, se rendre compte parfois qu’on peut améliorer la situation quand elle ne nous convient pas. Ou pas.
      Et je suis bien d’accord que l’escalade de la complainte, ce n’est pas constructif. Ni le lynchage des personnes qui pensent différemment.

  7. L’absence de salaire est particulièrement structurante dans la définition du fait même de travailler pour la plupart des gens.
    Depuis plus de 10 ans, je travaille bénévolement entre 1/2 et 4/4 de temps selon les périodes. Je ne suis donc pas payée (choix étrange, complètement à la marge, pas reproductible et qui a un impact de surcroît important bien entendu sur ma famille, la « privant » d’un salaire, mais là, je dévie du débat). De plus, mon temps de travail étant variable et travaillant souvent depuis chez moi, je suis aussi à la sortie de l’école, mes enfants ne sont pas à la cantine tous les jours et parfois même, j’arrive à accompagner la classe de mon dernier pour une sortie.
    Du coup, les copines qui travaillent me gratifient d’un « tu as de la chance de pouvoir t’occuper de tes enfants », même quand je me suis levée aux aurores pour prendre le train, que j’ai enchainé les rdv et que mon ordi m’attend le soir après le repas pour les trucs à envoyer sans tarder. Et celles qui sont mères au foyer à 100% me renvoient des trucs du genre « oui, mais toi, tu ne sais pas ce que l’on est dévalorisée quand on n’a pas d’emploi salarié »!!
    Quant à tous les autres, ils me regardent comme une extra-terrestre, et selon les enjeux de la discussion, me posent dans telle ou telle case, pour me prendre à témoin ou à partie!
    Cette posture mutante m’a fait grandement réfléchir: quelle pression de dingue fait-on porter aux femmes en terme d’image pour que personne ne s’y retrouve à ce point! Pour que nous ayons à justifier si telle ou telle de nos activités (rémunérées ou pas, familiales ou extra-familiales) renforce ou pas nos compétences, développe nos capacités intellectuelles, d’adaptation, de communication, d’organisation, nos possibilités de « rebondir » (moi, la proximité avec le ballon, ça m’a jamais plu), and so on, and so on…
    Justification permanente et indispensable de notre utilité sociale!
    Et pourtant, « à moi seul bien des personnages » pour reprendre une part d’un vers de Shakespeare est ce en quoi je me retrouve le mieux. Cela dit, la réplique entière c’est « Je joue donc à moi seul bien des personnages/dont nul n’est satisfait ». On a l’impression que trop souvent, pour les femmes, on se cantonne à la 2e partie de la phrase. Alors que la multiplicité, qu’elle bonheur!

  8. Et pour ne pas être mal comprise, je précise que quand j’écris « on se cantonne à la deuxième partie de la phrase », j’aurais dû dire « on les cantonne »!

    1. Et moi j’ai 2 livres à t’envoyer… Tu peux m’envoyer ton adresse par mail, je gagnerai du temps de femme salariée à plein temps et mère solo de 6 (ça fait pleurer dans les chaumières, ça non?)

    1. Cette Anne Taintor a un humour fou! merci pour la découverte 🙂
      Pas simple de trouver la case dans laquelle se placer, ou accepter simplement d’être mis dans une case. Comme toi, j’ai été une mère au foyer suroccupée entre études, bénévolat, enfants et autres. C’est aussi pour cela que j’ai vraiment l’impression d’avoir travaillé pendant cette période, même sans salaire…

  9. « ce n’est pas la même chose d’exercer le métier de mère au foyer, et de jouer son rôle de mère en parallèle d’une vie professionnelle à l’extérieur »
    Tellement vrai ! Peut-être que c’est ça qui n’est pas connu / reconnu !
    Merci pour ce post !

  10. Se définir en termes de compétences et plus (ou pas que) en termes de catégorie sociale : juste une question d’ouverture d’esprit ?
    Merci pour cet article qui sort des lignes par sa finesse !
    Souhaitons que cela soit plus simple pour nos enfants (filles ET garçons) de s’accepter et de s’apprécier en termes de savoirs-faire et savoirs-être, et plus uniquement par rapport à leur adéquation à des normes sociales périmées !

  11. Ça fait un bien fou de vous lire, merci ! Notre difficulté pour ne pas dire notre sentiment d’injustice provient du fait que le statut de maman au foyer n’existe pas, parfois j’ai l’impression que c’est aussi valorisant que « chômeur. D’ailleurs pas plus tard que cette semaine, l’employeur de mon mari lui a demandé quelle était ma profession. Mon mari a répondu « maman au foyer ». « Ah, donc elle est au chômage! » => !??
    Mieux vaut en rire. 🙂
    Bonne journée à vous.

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