Les visites à la maternité

Hier vous avez accouché de votre premier enfant… tout s’est bien passé, vous ne vous lassez pas de regarder ce petit bout de vous, d’écouter ses gargouillis discrets, de le prendre en photo, avec vous, avec son papa, avec vous 2 quand la sage-femme passe dans la chambre. Ce n’est que du bonheur…
Il est 13 heures, le toc-toc discret de la porte se fait entendre… entre dans votre chambre votre collègue de bureau. « Je ne pouvais pas ne pas venir te voir », en plus, on a fait une collecte et hop le cadeau, hop la photo. Vous, un peu prise au dépourvu dans une somnolence certaine de lendemain d’accouchement, vous rajustez rapidement la chemise de nuit spéciale allaitement en essayant de faire bonne figure (même si elle ne vous a jamais vue autrement que maquillée-coiffée en tenue du bureau). Et la collègue s’approche du berceau, telle la fée de la Belle au Bois Dormant. Sauf qu’au lieu de sa baguette, vous ne voyez que les microbes qu’elle apporte de l’extérieur, ses mains qui sortent de ses gants toujours trop parfumés. Impossible de sortir du lit, avec la chemise de nuit qui cache à peine la jolie culotte jetable en filet. Faut-il lui suggérer gentiment de se laver les mains avant de toucher votre bébé ? Peut être ne va t’elle pas le toucher, et le lui suggérer n’est sûrement pas une bonne idée.
Trouver un sujet de conversation qui l’éloigne du berceau ? impossible, c’est pour ça qu’elle est là… et la collègue enchaîne sur les ressemblances, le choix du pyjama, les paris des différents collègues sur la date d’accouchement, paris perdus par tous puisque vous avez accouché 3 semaines avant terme.
Aborder le sujet des conditions d’hygiène drastiques de cette maternité, et la liste affichée dans la chambre de toutes les précautions à prendre, et tous les risques pour les bébés : c’est suggérer aussi qu’elle pourrait être malveillante vis-à-vis de vous et votre enfant en venant vous voir avec un gros rhume, et risquer de la vexer… impossible encore.
Heureusement, elle est venue sur sa pause déjeuner, et doit repartir assez rapidement travailler.
A peine remise de cette visite, la suivante s’annonce : votre belle-mère…. Elle veut voir l’enfant, revisiter l’arbre généalogique pour y trouver des concordances soit avec le physique, soit avec le prénom de votre bébé, alors elle s’installe dans le fauteuil ultra confortable de la chambre prévu pour maman avec grosse épisiotomie voulant allaiter son enfant, et commence à papoter avec vous, comme lorsqu’elle vient vous voir chez vous ; Elle vous offre de délicieux macarons , que vous gardez précieusement pour plus tard, et entame une revue de tous les membres de la famille, untel avec sa bronchite, l’autre et sa panne de voiture, le troisième… vous n’écoutez plus et baillez le moins discrètement possible, en recalant vos oreillers. C’est alors que la chair de votre chair fait entendre quelques borborygmes annonciateurs de la prochaine tétée. Votre belle-mère se précipite, prend votre bébé dans ses bras, et partage avec lui quelques mots doux et regards profonds accompagnés de tous les miasmes extérieurs qui l’accompagnent, prétextant qu’il faut savoir faire attendre les enfants pour qu’ils ne prennent pas de mauvaises habitudes. Vous qui aviez pensé une seconde qu’en se levant elle allait prendre congé, vous allez prendre votre premier cours d’allaitement version belle-mère, et en plus vous allez devoir allaiter votre enfant devant elle. Pendant que vous placez tendrement votre enfant contre votre sein, en camouflant au mieux la scène des yeux inquisiteurs de belle maman, celle-ci vous explique qu’à J+1 vous n’avez pas de lait, qu’à son époque, on ne nourrissait pas les enfants pendant les 48 premières heures ce qui permettait à la maman de se reposer, qu’on attendait la montée de lait pour démarrer l’allaitement et que d’ailleurs vous pourriez avoir de la fièvre ce jour-là. Vous faites de votre mieux pour profiter de ce moment avec votre bébé, en ayant l’air à l’aise et détendue alors que vous auriez été tellement plus confortable dans le fauteuil prévu pour cela que votre belle-mère occupe.
Vous êtes heureusement sauvée par l’arrivée de la sage-femme qui fait sa visite de l’après-midi et propose gentiment à votre belle-mère de prendre congé pour effectuer les soins. Elle part, promettant de revenir le lendemain avec d’autres gâteries pour le goûter, et s’invitant par avance à venir passer quelques jours chez vous à votre retour de la maternité, pour vous aider et vous permettre de vous reposer. Vous ne rêvez pour l’instant que d’une chose… faire la sieste, même si c’est déjà l’heure du goûter. C’est évidemment l’heure que choisit votre sœur pour vous appeler, puis votre voisine qui ne veut pas vous déranger par une visite mais vous propose de lui raconter votre accouchement de A à Z pour pouvoir donner des nouvelles au copines du quartier.
A peine raccroché, c’est votre mère qui arrive, et assiste elle aussi à la tétée suivante, en prodiguant ses conseils. Vous avez osé lui demander l’accès au fauteuil d’allaitement, et c’est tellement mieux ! même si le plateau de votre dîner arrive en pleine tétée, et que vous allez dîner froid ;.. à 18h45.
Quand le papa arrive à la sortie de son bureau, vous faites bonne figure pour l’accueillir, comme toute jeune mère qui se doit de rayonner de bonheur ! il vous annonce les 5 visites prévues demain (« ils n’ont pas voulu te déranger aujourd’hui pour te laisser te reposer, et m’ont laissé des messages) Vous êtes exténuée, n’aspirez qu’à une chose : dormir ! et c’est alors que l’auxiliaire de nuit passe dans la chambre, et vous propose de garder votre bébé dans votre chambre pour la nuit, parce qu’il faut bien se préparer au retour à la maison…
Et là, malgré toute la joie liée à la naissance de votre bébé, vous avez l’impression d’être devenue en 24h une espèce d’Ellen MacArthur de la maternité, dormant par tranche de 20 minutes, devant faire face aux éléments extérieurs que cette naissance déchaîne, à la différence prêt que vous n’avez pas d’entraînement pour faire face, et que le baby blues vous guette rapidement si vous vous laissez mener à ce rythme.

21 Comments

  1. Totalement d’accord. J adhère au style les mots justes. Je lis le blog et je n’en perd pas une miette, avachi sur le canapé le dos en vrac mais servant de sofa au petit dernier ayant fini sa tété. Merci pour ce moment de réconfort que vous m’apportez.

  2. Super bien écrit, à lire et relire avant de partir admirer les tout petits. Et dire que je me retrouve dans le rôle de la grand-mère !

  3. Et le lendemain, s’est-il mieux passé?

    5 visites? Ca risque de mal se passer avec la fatigue accumulée…

    on a beaucoup limité les visites… une visite des grands parents! le pire a été de supporter les visites d’une voisine de chambre lorsque j’ai été mise en chambre double, c’était limite limite…

  4. Le blues du dimanche soir est bien connu dans les maternités : les bébés qui hurlent et les mamans qui pleurent… parce qu’il y a eu trop de visiteurs.
    Finalement, la naissance prématurée de mon 3e bébé m’a au moins épargné ça : les visites encombrantes !

    oui je me souviens avoir consolé une voisine de chambre épuisée un soir… son allaitement s’en est ressenti aussi d’ailleurs

  5. Tiens je crois me vois dans cette description ! Heureusement que j’avais lourdement insisté auprès de mon homme pour une chambre individuelle…
    Le seul moment de répis pendant mon séjour c’était aux soins intensifs où là, seule avec mon bébé et mon homme on nous a fichu la paix pendant 36h…

  6. Ah, les visites à la maternité. J’ai eu également droit à la belle tante que je vois une fois tous les deux ans, à la collègue de bureau de ma belle mère, des voisins de mes beaux parents. Finalement, ceux qui ont le plus respecté mon besoin d’intimité ont été mes amis les plus proches !
    Et lorsque le papa m’annonce également la liste des visites du lendemain, il ne comprends pas pourquoi je fais la grimace et lui demande si certains ne peuvent pas passés plus tard, « ils veulent te faire un petit bonjour, c’est sympa, ça leur fera plaisir, … tu vas pas faire ton asociale ( j’ai effectivement une tendance à être casanière )
    ça c’était en janvier, Mini pouce n° 2 arrive en avril, j’ai vraiment hâte … sauf des visites de la maternité …

    merci pour ton comm
    Moi si c’était à refaire, j’annoncerais la naissance 3 jours après 🙂

  7. Je sais, j’arrive un peu tard dans les commentaires, mais pour avoir vécu tout ça pour mon premier enfant,j’ai dit à tout le monde que je ne voulais aucune visite pour le deuxième sauf maman et belle-maman et raisonnablement. Et celle qui l’a le plus mal pris, c’est ma mère!!

  8. j’ai vecu l’horreur pour mon ainée, du monde toute la journée………….sauf la famille qui habite au plus pret à 250km………….resultat je suis rentrée épuisée avec un babyblues qui a durer presque 1 an…..pour mon 2ème j’ai autorisé les visites au compte gouttes et pour la troisième j’ai dit a tout le monde qu’a cause de la grippe A les enfants n’avaient pas le droit de rentrer et donc que personne ne verrait juliette avant mes 2 grands sauf…….papounet!!! mais les sage femme se sont rebélées contre le reglement et claire et evan ont pu voir leur soeur dès la sortie de l’ecole (apres avoir pris une douche et mit des vetements propres). papounet a seulement amené notre si gentille voisine qui a gardé les grands en pleine nuit pour que nous soyons tous les deux en salle d’accouchement………c’etait bon ces petits moments de decouverte rien que nous et tant pis pour les mecontents!!!!!!!!!!!!

  9. Bonsoir!
    Ou faire comme moi:
    1) accoucher dans la nuit du 23 au 24 décembre, tout le monde est pris avec l’achat des cadeaux, les préparations du réveillon
    2) ne pas prévenir que l’on est parti pour la maternité et attendre quelques temps avant d’annoncer la naissance
    3) accoucher volontairement à 500 km de la famille! 🙂
    Mais cela dit, même en unité physiologique, les visites des soignants et personnels d’entretien viennent troubler notre sommeil car me demander en hurlant tous les matins à 6h « thé ou café », en voulant savoir s’il faut changer mes draps et en me disant, en partant, « profitez-en, c’est pas à la maison que vous vous reposerez! »…..je ne vois pas qui, à la maison, pourrais me crier un « thé ou café » à 6h du matin et savoir s’il faut changer les draps du lit? Vraiment, je vois pas!
    Bonne continuation pour ce blog!!

  10. Je viens de découvrir votre blog, que J’aime bcp! Chapeau pour vos 6 magnifiques enfants.
    Personnellement je redoutais tellement les visites alors que j’allais être en vrac à la maternité que pour mes 2 enfants j’ai demandé que les visites ne se fassent qu’une fois que je serais rentrée à la maison. Seulement mes beaux-parents et mon mari sont venus (je vis en Allemagne et ma famille à moi en France). Concernant mes parents, pour mon 1er fils j’avais demandé à mes parents d’attendre 3 semaines avant de venir. Sauf qu’au bout d’une semaine j’allais super bien et que j’aurais vraiment aimé qu’ils soient là (bien fait pour moi!). Et pour mon 2è fils, j’ai demandé à mes beaux-parents venus pour aider mon mari de partir max un jour après mon tour au bercail. Bref, très très égoïste tout ca, mais il faut se protéger et faire comme on le sent. Mieux vaut être un peu dure que d’accepter tout et de péter un câble de toute façon au final, ce que personne ne comprendrait non plus…
    Continuez à nous faire partagere votre expérience, c’est super! Merci :0)

  11. je dois pas être normal car j’ai tjs aimé qu’on vienne me voir à la maternité lol j’adore parler c’est peut-être pour ça !!!

  12. Je découvre ce blog et laisse un message tardif par rapport à la publication du billet ! Mais bon !! J’ai bien ris. Même si je n’ai pas vraiment connu ça pour mes 2 accouchements. Le premier, seul le papa avait le droit de venir me voir, pour cause de grippe A. Par contre j’ai eu droit à toutes ces visites au retour à la maison. J’étais épuisée, mon fils ne me laissait pas dormir (j’ai peut être dormi 1h la première nuit à la maternité, mais guère plus) et j’étais hyper dérangée, gênée, incommodée par ma déchirure, même si elle n’était pas hyper grande. Bref, la joie ! J’avais des seins énormes suites aux montées de lait, mais je n’allaitais pas …. Donc tout me prenait un temps fou ! Même un petit pipi c’est dire … Et les amis et ma belle-famille venaient quasi quotidiennement …
    Pour le 2ème, j’ai accouché en plein mois de juillet, les visites étaient autorisées, et seule ma belle famille est venue. Ma famille à moi habite trop loin. Je dormais un peu plus, je me sentais en grande forme contrairement à mon 1er accouchement, et ça s’est bien passé ! Et les visites à la maison des amis se sont faites bien plus tard vu que la plupart étaient en vacances ! En tout cas, si je devais avoir un 3è enfant, je dirai, je pense « pas de visites avant d’être rentrée à la maison depuis 2-3 jours ! »

  13. Même après tant d’années ce billet est toujours d’actualité …
    Je vais accoucher de ma 2ème et j’appréhende toujours le passage à la maternité… Visites surprises toute la journée, même quand tu sors des toilettes et qu’ils sont tous autour du lit à t’attendre !! Youpi …
    Je ne veux pas ça cette fois ci je l’ai trop mal vécu … Et idem pour le retour à la maison ou l’on vient te voir enfin voir le bébé à 10h du mat quand tu es encore en pyjama . ..et toujours sans t’avoir prévenu auparavant … Grrrr

  14. ha tu etais là aussi le jour de la naisssance de mes jumeaux? sauf qu’en fait moi j’ai envoyé bouler tout le monde! des jumeaux premas dont un en neonat…. a l’heure des visites tu voudrais bien aller voir ton bébé que t’as pas pu encore voir pour cause de casarienne, que t’as le second a qui il faut faire des soins le bains les tétés( premas mais ils m’en ont laissé un car il faisait 2 kg!) bref t’as pas encore pris de douche ni mangé ni vu ton bébé et tout le monde arrive…. toi tu as mal, tu deprimes et en plus tu fais une pre eclampsie depuis l’accouchement et t’as mal au crane, t’as juste envie de pas les voir car 6mois alités sans visite et quand les enfants naissent tout le monde veut les voir ! hé ben non! j’en pouvais plus .

  15. Ah le sujet des visites… Je suis a 3 semaines de mon terme, et j’ai essaye de prevoir le coup longtemps a l’avance, sachant que je vis a l’etranger dans le pays de mon mari (ma belle-famille est donc sur place), et la-bas c’est du genre 20 visites par jour, de 9h a 23h (il n’y a pas d’heures limites). En plus de ca, il est courant d’avoir toute la famille qui patiente a cote pendant que tu es en train de pousser en salle d’accouchement. De quoi me donner des sueurs froides rien que d’y penser… Donc on s’est mis d’accord avec mon mari pour eviter le scenario catastrophe: on ne previendra personne quand on partira a la maternite, et on attendra au moins 2h apres la naissance pour l’annoncer aux plus proches (sauf mes parents qui etant en France ne risquent pas de debouler dans la demi heure), les visites seront limitees a ma belle-mere, belle-soeur et son mari, grand-mere, et un ami qui fera des photos du bebe (il est photographe amateur et fait de belles photos). Reste le point delicat de la duree des visites, car ma belle-mere serait bien du genre a squatter jusqu’a tard le soir et je ne pense pas que mon mari lui dira de partir… Il faudra que je m’arrange avec les sage-femmes pour voir si elles peuvent mettre tout le monde dehors vers 18h/18h30. J’ai ete hospitalisee une nuit la semaine derniere la ou je vais accoucher pour soupcons de pre eclampsie, et ma voisine d’a cote qui avait accouche le meme jour a eu des tonnes de visites: j’entendais tout car les gens squattaient dans le couloir, y compris un gamin de 2/3 ans qui n’a pas arrete de crier, et ils sont restes jusqu’a 23h. L’horreur!

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