J’aurais pu choisir de me déconnecter des réseaux sociaux, j’aurais pu choisir d’augmenter ma dose de télétravail pour mieux rester cloîtrée à la maison, j’aurais pu aussi décider de botter en touche toute discussion autour des attentats et du terrorisme. j’aurais pu choisir de prendre ma voiture plutôt que le RER.
J’aurais pu…
Je ne l’ai pas fait.
Parce que je continue à chercher à un sens. Parce que mes enfants sont connectés et que j’ai besoin de partager avec eux sur les informations qui circulent. Les aider à encaisser, à discerner, à appréhender, à accepter, à résister.
Je me suis imprégnée de ces messages « Tous en terrasse », j’ai ri à certaines blagues bien foireuses, je me suis rassurée en entendant les avancées de l’enquête, j’ai même bu du Beaujolais nouveau. Sur mon fil d’actualité Facebook alternent les messages d’amour et de paix, les infos non vérifiées, les témoignages poignants, les injonctions à faire comme si.
J’ai passé une magnifique semaine avec les enfants. Sans tension, sans heurts, avec des crêpes et du chahut, des exos de maths et des compréhensions de texte en anglais. Beaucoup de tendresse aussi de leur part. Et des papillotes tomate-moza qui déchiraient. Et quelques bricolages de Noël aussi. Et beaucoup de boulot aussi. Ambiance plutôt créative et efficace. Du bon stress. J’ai écouté beaucoup de musique, aussi.
Je fais comme beaucoup d’entre nous. Je joue à aller bien. Je joue à sourire dès le matin, à faire des tartines, à amuser la galerie sur l’open space. Je joue à aller nager pour rester en forme. Je joue à apprécier l’insouciance et l’innocence de mes enfants, leur envie d’aller de l’avant, de se libérer de leurs peurs, de s’adapter à cette nouvelle réalité. Je joue parce que comme beaucoup j’ai mal au ventre à chaque instant. Je me dis que je joue pour avoir moins mal au ventre.
Mais pour l’instant ça ne suffit pas, il va falloir trouver autre chose dans les jours qui viennent. Je n’ai pas encore trouvé quoi.
Moi aussi j’écoute bcp de musique cette semaine. Sans doute un besoin de ne pas avoir de silence, pour ne pas trop penser…
Voilà exactement le terme que je cherche depuis des jours… C’est exactement celà, je joue aussi à aller bien… Je ressasse aussi beaucoup trop, mais par dessus tout je joue de tout… Merci pour ce bel article…
Ce mal de ventre………je l’ai eu pour la première fois en septembre 2001, depuis il est revenu…souvent….trop souvent.Alors je raconte des blagues à 2 balles, j’organise un apéro ou un café avec les copains, pour meubler la maison et surtout oublier que le 13 novembre c’est l’anniversaire de mon mari……………..plus jamais il ne soufflera ses bougies de la meme façon , nous aurons toujours mal au ventre ……
Je fais aussi « comme si ». Je vis ma petite vie tranquille, et pourtant, dès que j’entends une sirène d’ambulance, mon ventre se serre et je tends l’oreille pour m’assurer qu’il n’y en a qu’une qui passe et pas une cargaison… J’habite à côté d’un hôpital…
Et pourtant, je n’habite pas Paris, je n’ai eu aucune connaissance touchée…
Tout pareil, un exercice de pompier avec la sirène et je file regarder les infos en me disant » et si… »
Hier en pleine promenade à Rouen, une femme HURLE » attentionnn » et j’ai craint pour mes enfants placés devant moi ( cette nouille appelait quelqu’un trop loin d’elle), je ne psychote pas, mais intérieurement, je crois que j’ai peur.
Je crois qu’il faut vivre tout simplement … pas facile à faire mais de nous dépend la future génération. En espérant qu’ils ne seront pas remplis de désillusions …
je ne joue pas aller bien, je vais bien, contrairement à tous ceux qui ont perdu la vie ou un frère ou une mère ou un enfant. Par respect pour eux et parce qu’au fond de moi je garde le secret que la vie qu’on m’a donnée est un trésor à chérir, je le dis : je vais bien et je ne joue pas à aller bien, parce que c’est la réalité. Je vais bien, tandis que d’autres …