Parfois il y a un trop-plein.
Je sens que ça enfle, que ça gonfle.
Je sens que ça se coince, et parfois juste le menton tremble. Ou l’oeil devient brillant.
Et parfois il y a un trop-plein. De ces trop-pleins qui lorsqu’ils se vident entraînent tout sur leur passage.
Au départ c’est un événement totalement anodin, une dispute, un moment d’impatience, une frustration.
Et c’est parti. un sanglot, puis un autre, et puis le Niagara. les sanglots qui augmentent. Les sanglots qui se déversent et qui viennent de tellement profond qu’ils coupent le souffle, qu’ils sont bruyants, qu’ils génèrent des torrents de larmes, et un nez qui coule.
C’est le gros chagrin.
Celui des enfants qui souvent prennent sur eux, avalent, sont forts en dehors, passent vite à autre chose. Celui des enfants qui chouinent rarement, qui sont gais et joyeux. Qui ont l’air forts. Mais qui comme tous les enfants ont besoin de pleurer. Parce que comme les autres ils ont parfois de la peine, ils gèrent des frustrations, ils avalent quelques couleuvres.
Et quand le gros chagrin arrive, que faire d’autre que le recevoir?
Que faire d’autre que prendre l’enfant dans ses bras?
Que faire d’autre que le bercer au rythme de ses sanglots puis plus lentement pour ralentir leur rythme?
Que faire d’autre que d’avoir mal aux tripes en l’entendant pleurer à chaudes larmes?
Tenter un échange. Pas une question directe du genre: « Qu’est-ce qui ne va pas? » Celle-là je me suis fait avoir… Elle entraîne une réponse qui englobe: l’école, les parents, les frères et soeur, le chat de la voisine, les copines d’école, la Barbie ou les playmos, la cour de récré et la maîtresse, et les ballerines mouillées.
Je préfère une phrase glissée en chuchotant au creux de l’oreille: « tu es si triste ce soir… » Généralement elle déclenche une deuxième cascade de larmes et de sanglots. Au creux de mes bras, qui serrent fort. Je me dis qu’il faut que ça sorte.
Ce soir, on est resté comme ça pendant 40 minutes. Entre 18h20 et 19h00. Le dîner était en retard, mais nous l’avons préparé ensemble. Parce qu’on ne pouvait pas sortir d’un tel moment et faire comme si de rien n’était. Alors on a prolongé un peu ce moment.
Elle était toute gaie pendant le dîner. Un peu comme si elle s’était allégée.
Moi j’avais un peu moins faim que d’habitude et ma chemise était humide et salée de ses larmes.
Je crois qu’elle s’est endormie apaisée.
Tu as des grands bras pour recevoir et je suis sûre qu’ils sont tout doux.
😉
Savoir prendre le temps de laisser les vannes s’ouvrir et se refermer naturellement. Merci de nous rappeler l’essentiel.
Oui leur donner la possibilité de s’ouvrir parfois 🙂
Ouh j’ai les yeux mouillés……
« Ça nous prend aux tripes.. » Comme c’est vrai.
Et ce sentiment mêlé d’impuissance et de culpabilité.
Tu es une maman formidable qui sait toujours prendre le temps. J’espère qu’il y a aussi autour de toi des bras pour toi.
Gros bisoux a ta quichette.
Merci Patricia, tu trouves toujours des mots justes aussi.
Vous m’avez fait verser ma larme, c’est tellement vrai ce que vous dites mais ça fait pas de mal de le rappeler. Je me suis revue dans une situation similaire avec ma fille et c’est vrai que ça prends aux tripes, même quand on y repense!! Merci d’exprimer tout ça aussi joliment!!!
merci 🙂
Juste <3
<3
Ce que je n’aime pas les voir comme ça…
moi non plus…..
J’en ai mal aux tripes en te lisant, mais visiblement tu sais accueillir les gros chagrins. Merci pour ce beau billet
j’ai appris 🙂
Bon là c’est moi qui vais chialer après avoir lu ton article
J’en ai fait autant en le relisant ce matin. Chacun son tour!
Comme Zaza 😉
Moi dans ces cas là, j’ai du chagrin quand l’enfant est apaisé. Parce que je voudrais tellement qu’il n’ait pas de gros chagrin. L’important c’est d’être là.
La même.
ça m’obscurcit les neurones aujourd’hui
Même chose chez nous hier soir… C’est toujours difficile de voir ses enfants tristes, mais comme tu dis après ils sont apaisés!
billet qui serre le coeur .. c’est bien que le chagrin sorte et tu es là .. pour elle , pour eux
un joli billet qui vient de me tirer les larmes en pensant à ce gros chagrin
Aaah si on pouvait les éviter ces chagrins, j’imagine que quand ils grandissent c’est d’autant plus douloureux puisqu’on n’a pas toujours de solution… Toi, en revanche, tu as toujours les mots.
Qu’est-ce que tu écris bien et surtout….. qu’est-ce qu’on a l’air bien chez toi….
Merci de ces jolis moments remplis d’intimité !
Voilà qui résume à merveille le sentiment que j’ai depuis que je t’ai découverte Cecile : « qu’est-ce qu’on a l’air bien chez toi… » Tout est dit. C’est en tout cas ce que véhicule ta personnalité et tout ce que tu partages avec nous.
Merci Patricia,
ça me touche vraiment… <3
Merci beaucoup de partager ce texte.
C’est une chance d’avoir une maman ou un papa qui aura ce réflexe, qui libère sans doute beaucoup du poids qui fait ces sanglots…
je te réponds bientôt …
Nous les mamans on aimerait. tellement être à leur place quand le chagrin est trop lourd à porter. ! Formidable de prendre ce temps si précieux dans ces moments là ! Bravo Cecile !!
Pour avoir si souvent ravalé mes larmes ou pleuré en cachette quand j’étais petite , je me suis promise de consoler mes enfants , toujours ….Et je l’ai fait , le coeur à l’envers de les voir si tristes , J’ai beaucoup appris de l’humilité et de la pudeur en recevant la douleur de mon aîné , déjà homme , pleurant dans mes bras trop petits pour l’entourer tout entier .
Merci , Cécile , de permettre à une vieille maman de rejoindre le coeur des plus jeunes .
merci de partager ces moments avec nous Cécile !
Tu es une belle personne qui gagne à être connue enfin pour ceux qui ne te connaissent pas encore !
Tes enfants ont bien de la chance d’avoir une super maman !