Lorsqu’on me parle de mes enfants, cela donne :
« Comment va la smala ? », « La tribu est en forme ? »
En fait, je n’aime pas cette question, et en posant ces quelques mots aujourd’hui, je voudrais essayer de mieux comprendre pourquoi.
Une fratrie, c’est un groupe d’enfants, tous un peu pareils, partageant les mêmes gênes (ça c’est pour répondre à la question fréquente « ils sont tous du même lit » beeeuuurrrkkkk), comme une mini colonie qui se suit, qui se ressemble, qui mange les mêmes choses aux mêmes repas, qui utilise la même salle de bain, qui a les mêmes tics de langage, qui partage les mêmes fringues – ok pas en même temps on s’entend – qui a le même médecin et le même dentiste, qui part en vacances ensemble, qui sit réciter ensemble du Victor Hugo, qui danse ensemble sur LMFAO le samedi soir sur la wii, qui rigole des mêmes blagues, et qui le plus souvent fait preuve d’une solidarité étonnante vis-à-vis des attaques extérieures.
Derrière cette façade, il y a 6 individus totalement uniques. Ils n’ont pas les mêmes tempéraments, pas les mêmes goûts, pas les mêmes physiques (il suffit de regarder la photo du blog), pas la même pointure, ok, là, je fais dans le détail. Ils n’aiment pas les mêmes légumes (merci à la cuisinière qui doit satisfaire les goûts de chacun), ils ont chacun leur odeur, leur prénom, leur rire, leurs tics, leurs défauts (si, si ils en ont aussi, hein ?).
Mais surtout, ils ont chacun leurs talents. Et nous, notre rôle, c’est d’être les révélateurs des talents de nos enfants. Etre auprès d’eux chaque jour pour les aider à mettre en avant ce qui fait d’eux des êtres exceptionnels, non pas dans le sens « je suis le meilleur », mais dans le sens «je suis unique », « je suis différent ».
Déceler les talents d’un enfant, c’est aussi lui donner la possibilité de les découvrir, de les développer et de les exploiter, et peut-être un jour de l’aider à trouver la voie dans laquelle il sera un adulte épanoui. C’est lui donner le goût de l’effort et l’envie de se dépasser. C’est aussi l’accompagner à faire des choix ! Notre objectif n’est pas d’avoir des enfants talentueux partout, de faire d’eux des petits d’homme surstimulés et surroccupés avec chacun 4 activités différentes (merci le taxi) mais de les aider à choisir 1 activité en leur donnant les moyens de la faire bien, dans un cadre sécurisant et valorisant, si possible dans la durée.
Et du coup, c’est tellement évident pour nous que nos enfants sont différents les uns des autres, parce que chaque jour nous mettons en évidence leurs singularités plutôt que leurs points communs. Et quand on me parle d’eux comme d’une tribu ou d’une smala, j’ai juste l’impression qu’on ne voit que leurs ressemblances et leurs points communs.
Suis-je claire, là ?
J’aimerais bien avoir l’avis de parents qui voient des familles nombreuses de l’extérieur… Quelle image est-ce que cela renvoie ?
Quelle belle prose ! C’est beau ce que tu écris. sans rire c’est touchant. j’aime bien le côté « nous les parents, nous sommes les révélateurs de talents de nos enfants » C’est assez vrai n’empêche. J’en ai que 4 mais oui en général c’est aussi souvent: comment va tout ton p’tit monde, ta tribue… Mais moi j’aime bien au contraire même si cela ne les individualise pas. ça me flatte quelque part peut être..me dire que c’est Moi à la tête de tout ça !! un peu fierrotte peut être 🙂
je suis fierrotte aussi 🙂
perso je n’en ai que 3 et j’entends déjà bcp d’idées toutes faites sur le sujet, et en secret je vais te dire que je t’envie, et que ma fois je n’ai (que) 34 ans et peutêtre que la vie me permettra d’élargir ce DIY (très à la mode ^^)en attendant je garde les kids des autres (où comment assouvir son envie de famille très nombreuse 😉 )
alors voici mon avis, car après tout on est là pour ça, ton illustration donne scientifiquement la réponse, oui un être est un être, et mieux vaut un beau mélange multicolore qu’une couleur unie très fade 😉
ta dernière phrase me va super bien !!
Tu touches du clavier le simple fait que nous sommes tous des êtres uniques. Halte à la pensée unique, au stéréotype, au « moule » social et scolaire.
C’est parce que nous sommes différents nous avançons, en nous nourrissant de nos propres expériences mais aussi de celles des autres.
Il n’y a pas UNE vérité ; il y a DES vérités.
C’est le « groupisme » qui me gêne vraiment 🙂
Qu’on me dise « comment va la famille » ou « comment vont tes enfants », que j’en ai 2 ou 4 (ou plus, mais je me suis arrêtée à 4) ne me gêne pas et les deux expressions que tu cites non plus. c’est comme lorsqu’on me demandait « comment vont tes parents » je n’y voyais pas pour autant un amalgame de mes deux parents dans un hydre à deux têtes. mais c’est juste lié à la question (prendre des nouvelles)
Par contre, pour bcp d’autres choses, j’aime qu’on ne considère pas mes enfants comme un monstre à 16 membres, 4 têtes et 8 oreilles mais bien comme 4 individus distincts même si complices. ceci dit ils sont si différents qu’ils ne sont qu’extrêmement rarement mis ensemble dans un paquet informe, donc, ouf !
il n’empêche que je suis bien d’accord avec tous le reste de ton message (juste que je n’éprouve pas ton agacement 😉 )
ce sont ces mots tribu, smala qui me gênent parce que je les trouve conotés « tas d’humains » (j’y vais un peu fort, je reconnais)
Coucou. Moi eça ne me gêne pas trop… car je les mets un peu tous dans le même sac au niveau organisationnel… si tu vois ce que je veux dire… je n’ai pas encore d’ados et plus de tout petits mais ils sont tous petits enfin je trouve…
Bref pour le reste oui quelles individualités… mais ils sont bien obligés… il faut exister dans une famille nombreuse, c’est l’instinc de survie ! Les talents ressortent, et à nous comme tu le dis Cécile de les faire briller ces chéris… et les mauvis côtés ressortent aussi mais ça on travaille ensemble pour que ça s’estompe… bref, c’est passionnant, c’est crevant mais c’est la famille ! Hey bisous !
« il faut exister dans une famille nombreuse » oui, Prune, j’adhère total mais ça ne se fait pas tout seul, ou sinon par les cris, la supériorité physique ou l’age; je préfère que ce soit par leurs talents! et oui, c’est passionnant!!
Ce que j’en pense : tes enfant ont des parents formidables. En effet, bien souvent cet amalgame est initialise par les parents qui n’ont pas l’énergie d’élever individuellement leurs enfants. Il est parfois plus facile de s’occuper des enfants que d’un enfant, surtout quand ils sont rapprochés. Mais je suis bien d’accord que prendre le temps et l’énergie de le faire est essentiel et diminue le risque de complexe entre frères et sœurs : » il n’est Pas plus ou moins que moi » mais « on me reconnait pour ce talent et lui pour un autre »
Merci Sève. en réalité c’est quand ils sont tout petits que c’est plus simple d’amalgamer, ça permet de dormir un peu entre 2, surtout en effet lorsqu’ils sont rapprochés, ce qui est le cas chez nous. Je me retrouve totalement dans ton comm!
Je comprends ton point de vue parce que le « comment va ta tribu ? » m’évoque un peu le type de question facile qu’on pose sans s’intéresser à la réponse.
On te demande sans entrer dans le détail, sans se souvenir de ce que tu as pu dire la dernière fois sur l’un de tes enfants.
Je suis l’aînée d’une « tribu » de 6, et cette notion venant des tiers ne m’a jamais gênée. Ca n’est rien de plus qu’un de ces innombrables lieux communs dont sont émaillées les conversations, même avec les amis proches. Par contre mes parents ont su réaliser ce subtil équilibre entre cohésion de groupe et respect des particularités de chacun. Mon père excellait dans la première, ma mère plutôt dans le second.
Aujourd’hui, nous commes 6 adultes avec des vies, des goûts, des métiers et des loisirs très variés, mais soudés comme les doigts d’une drôle de main et c’est une force terrible !
Je crois que la famille nombreuse est le plus beau cadeau que m’aient fait mes parents !
Merci Elsa pour ce message, puissent un jour mes enfants vivre aussi bien avec des choix qui ont été les nôtres, nous, leurs parents!
je suis à la tête d’une tribu de 6 filles et je comprends que de l’extérieur,6 enfants cela fait « masse »,et que l’on voit qu’un clan/tribu alors que nous qui le vivons, connaissons bien les différences de chacuns!
Ton article m’interpelle et m’a donné envie de réagir.
J’ai été (et suis encore d’ailleurs) l’aînée d’une fratrie de 4 filles.
Je ne l’ai compris que très tard, mais ma mère nous a élevées dans un souci de non-compétition. Elle avait le sentiment sans doute qu’en valorisant l’une d’entre nous pour telle ou telle qualité, elle en dévaloriserait une autre. Ce qui fait qu’on a toujours entendu qu’on jouait toutes les 4 ADMIRABLEMENT du piano (alors que c’est faux, j’étais archi nulle), qu’on dansait toutes MERVEILLEUSEMENT bien, etc.
Aujourd’hui j’ai 30 ans et je ne sais pas encore ce que j’aime vraiment, ni ce pour quoi je suis vraiment douée. Enfin je commence quand même à y voir plus clair. Mais ça m’a pris du temps.
Et ton message participe à faire évoluer ma réflexion sur l’éducation que je veux donner à mes enfants.
Merci pour ce blog, que j’apprécie de plus en plus au fil de mes lectures.
Bonsoir,
Je sais que le message est posté très longtemps après mais personnellement j’ai 5 enfants, des triplés et des jumeaux. Les termes comme tribu ou smala ne me dérangent absolument pas dans le sens où on est une famille et fiers de l’être. On est unis, on se sert les coudes (je parle dans le sens parents et enfants). En revanche, ce que je ne supporte pas, c’est ceux qui passent leur temps à comparer et à mettre dans le même panier les enfants issus d’une même grossesse… Après, chacun supporte ou pas les remarques, aussi en fonction de son propre passé et de ses propres craintes/envies etc 🙂 Faut pas trop se prendre la tête vu qu’il y en aura toujours pour nous faire la morale –«